Andreï Makine


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Remise du Prix mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca à Andreï Makine, écrivain, par Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie française.

Le Prix mondial 2014 de la Fondation Simone et Cino del Duca, d'un montant de 200 000 euros, a été décerné à Andreï Makine, écrivain franco-russe dont l’œuvre romanesque polyphonique fait entendre en langue française l’imaginaire d’une enfance russe et le désir cosmopolite d’une Europe des lettres et de la culture.   

Andreï Makine est un écrivain de langue française né en Russie en 1957, à Divnogorsk en Sibérie. Il apprend le français dès l’école primaire et rédige plus tard une thèse de doctorat sur la littérature contemporaine française à l’Université d’État de Moscou. Une passion française qui se concrétise en 1987 lorsqu’il décide de ne pas revenir d’un voyage à Paris et de s’installer en France où il reçoit l’asile politique. Il donne alors cours de langue et de culture russe à Sciences Po et à l’École normale supérieure.

En 1990 il publie son premier roman, La fille d’un héros de l’Union Soviétique et soutient en 1992 une thèse de doctorat à la Sorbonne, sur l’œuvre d’Ivan Bounine, écrivain russe. Si le français devient son unique langue d’écriture, la Russie et la culture russe continuent d’irriguer son œuvre.

En 1995 il reçoit le Prix Goncourt, le Prix Goncourt des lycéens et le Prix Médicis pour son quatrième roman, Le Testament français. Il obtient la nationalité française en même temps qu’une reconnaissance mondiale.



Andreï Makine. Le pays du lieutenant Schreiber

Ses romans sont traduits dans plus de trente langues.
Il écrit parfois sous le nom de Gabriel Osmonde.

Son dernier ouvrage, Le pays du lieutenant Schreiber, a paru en 2014 aux éditions Grasset.

En lisant, en écoutant Andreï Makine : rencontre avec l’auteur

D’aussi loin qu’il se souvienne, depuis l’enfance des rêves et des images définitives, Andreï Makine se dit

confrontée à une double perspective géographique et historique : l’immensité de la Sibérie et, condensée, dans cet infini, la réalité totalitaire qui, grâce aux témoignages des anciens prisonniers du goulag, se faisait très incarnée.

Ces deux coordonnées spatiale et historique parcourent ses livres et saisissent ses personnages, abandonnés-contemplatifs devant la puissance de la nature et soumis aux aléas cycliques de l’atrocité humaine et de la barbarie.  
Les personnages d’Andreï Makine, selon l’auteur lui-même, poursuivent

la quête spirituelle qui caractérise la littérature russe : le poids de la culpabilité morale et historique, les errances des humains amputés de Dieu, le conflit entre les diktats idéologiques et la liberté de la conscience individuelle en révolte.

Autant de thèmes magnifiquement importés dans la langue française, qui font entendre une très subtile nuance d’imaginaire et de rythme, qui s’inscrivent aussi dans "une démarche littéraire fidèle aux liens qui rapprochaient Tourgueniev et Flaubert, Tolstoï et Rolland".

C’est dans l’alchimie sensible et historique de ce dialogue franco-russe, dialogue continental, que l’œuvre d’Andreï Makine rayonne et œuvre finalement à la possibilité d’une "Europe de l’intelligence et de la culture, contre celle qui trahit ses valeurs civilisationnelles".

Bibliographie

  • 1990 : La Fille d’un héros de l’Union Soviétique
  • 1992 : Confession d’un porte-drapeau déchu
  • 1994 : Au temps du fleuve Amour
  • 1995 : Le Testament français
  • 1998 : Le Crime d’Olga Arbélina
  • 2000 : Requiem pour l’Est
  • 2001 : La Musique d’une vie
  • 2003 : La terre et le ciel de Jacques Dorne
  • 2004 : La femme qui attendait
  • 2006 : Cette France qu’on oublie d’aimer
  • 2006 : L’amour humain
  • 2007 : Le Monde selon Gabriel. Mystère de Noël
  • 2009 : La Vie d’un homme inconnu
  • 2011 : Le Livre des brèves amours éternelles
  • 2012 : Une femme aimée
  • 2014 : Le pays du lieutenant Schreiber