Mission archéologie franco-turkmène d'Ulug Dépé


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Le Prix d’archéologie 2012 de la Fondation Simone et Cino del Duca est attribué à la mission archéologique franco-turkmène d’Ulug Dépé dirigée par Olivier Lecomte, Centre de Recherches Archéologiques indus-balochistan, Asie centrale et orientale, CNRS, pour ses travaux de recherche, de restauration et de mise en valeur du site d’Ulug Dépé au Turkménistan.

Objectifs de la mission archéologique franco-turkmène

Fondée en 1994 et dirigée par Olivier Lecomte, docteur en archéologie orientale, la mission archéologie franco-turkmène s'est fixé pour but d'étudier l'évolution du peuplement en Asie centrale méridionale et plus particulièrement au Turkménistan qui constitue une importante zone d'interaction entre les mondes syro-mésopotamien, irano-élamite et la civilisation de l'Indus.

Comme l'ensemble des républiques d'Asie centrale, le Turkménistan était d'un accès très difficile jusqu'à son indépendance en 1991.
La mission archéologique franco-turkmène travaille en étroite collaboration avec la Direction Turkmène pour la Protection, l'Étude et la Restauration du Patrimoine Historique et Culturel. Cette coopération a donné lieu, depuis 2011, à dix campagnes de fouilles sur le site d’Ulug Dépé, au cours desquelles le travail a essentiellement porté sur les périodes anciennes du site : du Chalcolithique à l’époque hellénistique.

Durant les trois dernières campagnes, avec la codirection de Julio Bendezu-Sarmiento docteur en archéologie Centrasiatique, un effort particulier a été porté sur un important complexe urbain de l'Âge du Fer dont la citadelle, qui jouxte le probable palais et un immense entrepôt, a été intégralement dégagée. Le résultat des dernières fouilles à proximité de ces constructions monumentales est déterminant car il renouvelle l'histoire de l'Iran ancien : les origines de la dynastie achéménide.

Ulug Dépé, la ville qui réécrit l’histoire de l’Asie centrale

Ulug Dépé, située dans la zone aride du Sud-Est du Turkménistan actuel, représente l’un des plus grands sites proto-urbains d’Asie centrale. La fouille s’inscrit dans un vaste projet d’étude des relations entre l’Asie Centrale méridionale et le plateau Iranien du Chalcolithique (4800 – 3000 av. JC) jusqu’à l’Époque Hellénistique (IVe siècle av. JC env.). En révélant de nombreux vestiges, cette fouille a entraîné une vraie redécouverte des civilisations orientales anciennes : malgré l’antériorité d’Ulug Dépé (qui a cessé d’exister au IXe siècle av. JC), la ville regroupe deux siècles plus tôt toutes les caractéristiques architecturales propres aux sites mèdes d’Iran.

Elle s’en distingue cependant par l’existence d’un pouvoir central décisionnel : un emplacement de relais commercial, administration hiérarchisée, et urbanisme typique (une ville haute où siège le pouvoir, qui surplombe une ville basse densément peuplée). Il ne fait aucun doute que ce site représente un modèle beaucoup plus développé que les petites résidences fortifiées des chefs tribaux fouillées en Iran occidental. Ulug Dépé constitue en effet la seule ville connue tant en Iran qu'en Irak pour la période dite "mède", ce qui lui confère une importance fondamentale car même Ecbatane, capitale supposée des Mèdes n'a jamais été retrouvée.

L’histoire des Mèdes, légendairement connue depuis Hérodote est donc aujourd’hui remise en question : Le royaume mède ne serait donc pas né en Iran, mais trouverait ses racines dans les vastes plaines du Turkménistan. La stratigraphie du site d’Ulug Dépé prouve son antériorité et la ville révèle clairement la présence d’une culture "proto-iranienne" ancêtre et précurseur des Mèdes d’Iran.

Le prix d’archéologie del Duca représente un apport majeur pour assurer l’entretien et l’amélioration de la conservation des structures architecturales mises à jour depuis 2001. Ce concours permettra d’assurer une conservation spécifique aux édifices de brique crue par des traitements efficaces et durables, l’entretien des vestiges du site d’Ulug Dépé étant nécessaire avant toute présentation au public. Enfin, les fonds serviront à développer l’équipement des laboratoires de restauration.